Voici le second volet de l’étude sur la santé au travail des vétérinaires.
Le premier volet, publié en 2022, constituait un volet transversal, c’est-à-dire qu’il donnait une photo à l’instant T. Le recueil de données 15 mois plus tard, avec ce volet longitudinal, permet d’établir des liens de causalité et de « filmer » le déroulé des processus.
Lors du premier questionnaire 3244 vétérinaires avaient répondu. Avec ce second questionnaire, ce sont 674 réponses qui ont pu être exploitées.
Voici les principaux points à retenir de cette étude :
- Les vétérinaires qui étaient en moins bonne santé lors de la première étude restent en moins bonne santé 15 mois plus tard.
- Les femmes vétérinaires ont un épuisement émotionnel (un de composants du burnout) significativement supérieur aux hommes. Alors que la profession se féminise au fil des ans, le cynisme (autre composant du burnout) élevé chez les femmes traduit une profession encore portée par des valeurs masculines.
- Les jeunes générations sont plus touchées par l’épuisement émotionnel, le cynisme. Attention, cela ne signifie pas que l’épuisement émotionnel diminue avec l’âge, car nous ignorons le degré de burnout des vétérinaires plus âgés lorsqu’ils étaient jeunes.
- Les vétérinaires exerçant en canine sont en moins bonne santé que les vétérinaires exerçant dans les autres spécialités.
- Concernant la charge de travail, c’est surtout le nombre de clients vus par jour qui impacte fortement la santé des vétérinaires, plus que le nombre d’heures de travail. Le nombre de gardes de week-end affecte la santé des femmes plus que celle des hommes.
- C’est d’ailleurs bien la charge de travail et ses débordements sur la sphère privée qui représente le stresseur le plus redoutable, qui prédit le burnout et les idéations suicidaires 15 mois plus tard. Les conflits avec les collègues sont aussi un facteur très impactant.
- Le présentéisme (se rendre au travail alors qu’on est malade), plus présent chez les femmes et les libéraux, est en moyenne de 12.5 jours/an. Il est associé au burnout, aux troubles du sommeil, aux troubles somatiques, aux idéations suicidaires.
- Dans cette étude, deux théories du suicide sont appliquées à la situation des vétérinaires : il apparait que le sentiment d’être un fardeau et celui d’être piégé prédisent les idéations suicidaires. Ces sentiments sont notamment associés avec le nombre de clients vus par jour.
- Les principaux stresseurs associés aux idéations suicidaires sont les difficultés financières et la charge de travail.
Un troisième volet est en cours, l’étude sur la santé au travail des vétérinaires n’est pas encore terminée. En attendant, que faire de ces données ? Cela doit nous amener à revoir collectivement notre action. Alors que se multiplient les enquêtes et baromètres sur la santé au travail dans les structures vétérinaires, de la part d’entreprises privées ou d’organisations professionnelles, comment articuler leurs résultats ? Comment mieux travailler ensemble pour agir ? Comment se rassembler ? Comment coopérer ? De la même façon qu’il y a 20 ans il s’agissait pour Vétos-Entraide de créer du lien solidaire entre les vétérinaires, il s’agit aujourd’hui pour nous d’entretenir aussi du lien solidaire entre les différents acteurs et actrices de la profession.